Vue moyenne, prise d’une hauteur d’homme, orientée vers le sol. La lumière blanche, diffuse, ne crée ni ombre ni relief marqué. Le sol quadrillé de carreaux blancs, joints gris réguliers, couvre presque tout le champ. Deux pieds nus, légèrement écartés, peau claire, veines visibles, se tiennent au centre. À droite, une valise rigide, tissu tissé vert et noir, angles renforcés, poignée marquée d’usure. Devant, une pochette plastique transparente renferme plusieurs photographies, bords brillants, et une enveloppe blanche annotée « À trier ». En bas, un tapis gris, franges nettes, motif végétal beige, aligne son bord sur la grille du carrelage. La lumière se maintient uniforme, sans direction identifiable. L’ensemble est stable, frontal, sans profondeur mesurable.
Le regard reste suspendu au niveau du sol, là où les surfaces se rencontrent. Les pieds, la valise, l’enveloppe composent un inventaire de présences immédiates. Rien ne déborde le cadre, tout s’y inscrit avec une exactitude tranquille. L’écriture « À trier » devient l’unique signe explicite, point d’ancrage d’une action absente. Le photographe mesure les distances, choisit la planéité plutôt que la profondeur, évite toute dramatisation. Chaque objet conserve sa part d’autonomie matérielle, reliée aux autres par la lumière continue. Nous observons que cette lumière, ni chaude ni froide, efface les transitions, aplanit les textures. Le dispositif neutralise la perspective, transforme le sol en surface de projection. Le geste photographique apparaît méthodique, presque archivistique, comme s’il s’agissait de constater un état des choses avant un déplacement. L’ensemble des signes visibles (les tirages photographiques papier, la pochette plastique transparente, la valise tissée vert et noir, le carrelage blanc à joints gris et l’inscription manuscrite « À trier ») situe probablement la scène dans un intérieur européen contemporain, entre 2015 et 2022.