Cadrage vertical, intérieur domestique. Au premier plan bas-gauche, un chat noir entre flou, tête tournée vers l’objectif, reflets ponctuels dans les yeux, collier sombre visible. La zone nette se situe derrière lui : regroupement de contenants disposés contre un mur gris mat. À droite, quatre canettes vertes empilées par paires, ouverture aluminium apparente, inscriptions blanches lisibles par fragments. Devant et au centre, une douzaine de bouteilles brunes à goulot ouvert ; plusieurs portent une collerette blanche et une étiquette ovale claire (« Hoegaarden » lisible sur deux d’entre elles). Entre les bouteilles, un couvercle ou dessous de verre circulaire à motifs colorés dépasse. À gauche, bord d’une carafe transparente et prise murale blanche. Sol carrelé clair, joints beiges formant un quadrillage. Éclairage dur et frontal : brillances sur le verre, ombres courtes au sol, reflets spéculaires dans les canettes. Profondeur de champ courte privilégiant l’arrière-plan, grain discret, composition stable, centrée sur la série de contenants.
Nous observons une image gouvernée par la hiérarchie de netteté : l’autofocus s’est calé sur l’alignement de bouteilles et de canettes, reléguant le chat au rôle d’avant-plan flou. L’éclairage frontal, aux reflets vifs sur métal et verre, indique l’usage d’un flash intégré ; il uniformise les matières et écrase la profondeur, ce qui renforce l’effet d’inventaire. Les objets rassemblés contre le mur — bouteilles brunes à collerette, canettes vertes, sous-bock — composent une série de restes de boissons. Le carrelage quadrillé, la prise murale et la carafe situent l’ensemble dans un espace domestique fonctionnel (cuisine ou coin de pièce). La présence simultanée de marques globalisées, lisibles par fragments, inscrit la scène dans l’économie de consommation du premier tiers du XXIᵉ siècle. Le dispositif photographique privilégie la lisibilité matérielle : étiquettes, bagues, opercules, surfaces brillantes ; le chat, hors point, devient simple indice de cohabitation. La composition s’organise en strates parallèles au mur : avant-plan animal, rang d’objets, arrière-plan peint. Le choix d’une profondeur courte et d’un flash direct signale une prise rapide, à courte distance, sans préparation lumineuse — geste vernaculaire d’enregistrement plus que recherche d’effet. Le document fonctionne ainsi comme relevé de résidus et de marques, où la mesure des contenants, leur état (ouverts, vides) et leur agencement contre la paroi décrivent un moment après usage, dans un intérieur ordinaire, sans autre contexte que la matérialité des choses.